Le tout premier Congrès des Jeunes de Toute l’Afrique (CJTA / AAYC 2023) bat son plein à Kasoa (Ghana). L’occasion a été donnée aux jeunes afin de discuter en atelier spécial, de la question de la migration irrégulière et du trafic des êtres humains en Afrique.
Des présentations animées par Morti Daba (Ethiopie), Monmo Modi (Nigéria) et une projection d’un film documentaire de Joanita Ndigere, une victime ougandaise rescapée du trafic des êtres humains ont meublé ce ‘Side event’ qui a vu la participation effective de Madame Révérende Pasteur Angèle Wilson-Dogbé du Bureau régional de l’Afrique de l’Ouest et Centrale de la CETA.
De toutes les discussions, on note que la thématique concerne toutes les couches africaines et personne n’est épargnée. La jeunesse africaine est toutefois la plus ciblée et touchée par ce phénomène.
Dans son discours d’ouverture lors du congrès, le Secrétaire Général de la CETA, Révérend Dr Fidon Mwombeki a indiqué que le monde est de plus en plus contre la migration, en particulier les personnes d’ascendance africaine. « Nous avons vu ce que vivent les travailleuses domestiques dans d’autres pays », a-t-il déploré.
« C’est triste de voir des attaques xénophobes les uns contre les autres en tant qu’Africains, l’Afrique est pour nous tous. (…) », a-t-il ajouté avant de rassurer les jeunes qu’il est possible de se développer et de prospérer en Afrique.
Il faut comprendre une chose : la migration ne date pas d’aujourd’hui. Elle existe depuis la nuit des temps. Selon Dr Morti Daba, « Jésus-Christ même avait à un certain moment de sa vie migré en Egypte pour échapper au plan machiavélique du roi Hérode ». Il a donc insisté sur le fait que la migration en soi n’est pas une mauvaise chose mais si elle est faite dans des conditions illégales, peut entraîner des conséquences assez négatives pour les migrants.
Pour sa part, Monmo Modi a mis en relief les raisons qui motivent souvent les jeunes à la migration, qu’elle soit régulière ou non. Selon les enquêtes, le désespoir, le chômage, l’injustice sociale, la mauvaise gouvernance et la corruption sont entre autres les raisons qui poussent plusieurs jeunes à aller en aventure via le phénomène de la migration irrégulière. L’on a tendance à quitter les siens afin de subvenir aux besoins de sa famille et se tailler un avenir radieux.
Comme dans d’autres régions du monde, la plupart des migrants sont à la recherche d’un emploi et de meilleures opportunités économiques. Selon les données publiées par Afro baromètre après une étude conduite dans 14 pays de l’Afrique de l’Ouest, on note que 70 à 90% des personnes interrogées évoquaient les causes économiques (y compris « trouver du travail », «difficultés économiques», «pauvreté» et «meilleures perspectives commerciales») comme la raison la plus importante pour laquelle elles envisageraient d’émigrer. D’autres envisageaient de poursuivre des études et partir à l’aventure.
Pour arriver à ce rêve, tous les moyens sont bons. Plusieurs jeunes sont donc prêts à partir de façon clandestine en risquant leur vie dans les embarcations de fortune.
Malheureusement, la plupart n’ont toujours pas idée de ce qui attendent de l’autre côté après la migration. Les témoignages effroyables de plusieurs d’entre eux laissent sans voix.
Plusieurs sont victimes de viols, de maltraitance, de travaux forcés et d’autres y laissent leur vie. Peu ressortent de cette aventure malheureuse. C’est le cas de Joanita Ndigere, actrice cinématographique qui a été une rescapée du trafic humain. De son expérience indélébile et après le retour dans son pays natal, elle s’est engagée dans un mouvement lutte contre le trafic des êtres humains.
Les gouvernements et Chefs d’Etats sont interpellés sur la question. Les églises aussi ont un rôle important à jouer. Elles sont appelées à un accompagnement psycho-social des survivants ainsi qu’à leur réintégration. Les acteurs doivent dissuader les jeunes qui désirent migrer de façon irrégulière et les faire comprendre que l’Afrique est leur demeure et leur avenir.
