Les pathologies musculo-squelettiques sont de plus en plus fréquentes. Elles sont surtout liées aux accidents de la circulation. Elles constituent actuellement un problème de santé publique, qualifiées ‘d’épidémie silencieuse’. Elles représentent une cause majeure de décès et d’invalidité permanente, surtout dans la couche jeune, active.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), entre 23 et 34 millions de personnes dans le monde, sont blessées dans des accidents de la route et cinq millions de personnes meurent chaque année des suites d’un traumatisme. Face à ce constat, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté en mars 2010, la résolution A/RES/64/255, par laquelle elle a proclamé la décennie 2011- 2020 “Décennie d’action pour la sécurité routière”. Celle décennie a pour objectif de stabiliser puis de réduire le nombre prévu de décès imputables aux accidents de la route dans le monde en menant des activités menées aux niveaux national, régional et mondial.
Malheureusement, le bilan final de cette décennie a été négatif, poussant alors à sa reconduite jusqu’à 2030 avec pour objectif ambitieux de “ZERO” : 0 accident, et 0 décès. Cinq domaines d’activité majeurs avaient été identifiés dont le 5 porte sur la riposte après un accident. Il est alors prévu l’amélioration des soins au blessés de la route, depuis le ramassage jusqu’aux services d’urgence et des autres services connexes.
Le Togo, reste toujours frappé par cette épidémie silencieuse, avec des décès, des blessés, et des handicaps invalidants. Au premier semestre 2022, 347 personnes ont perdu la vie dans 3818 accidents de la route. Un bilan presque stable en comparaison avec le premier semestre 2021 où 3815 cas ont été dénombrés avec 316 morts. Le gouvernement du Togo, conscient de l’ampleur du problème, a entrepris des actions énergiques pour limiter les conséquences dramatiques de ces traumatismes. Au nombre des mesures prises, figurent des actions de préventions et l’amélioration du plateau technique des services d’accueil des urgences traumatologiques.
Mais ces actions s’avèrent insuffisantes du fait des moyens limités de l’État, notamment en ce qui concerne le renforcement des capacités des différentes structures sanitaires.
Il faudrait donc, améliorer le plateau technique des services de transport, d’accueil, et de soins de ces blessés de la route du pays en rendant disponible les équipements médicotechniques et en assurant la formation du personnel.
Pour atteindre cet objectif, le Ministère de la Santé du Togo, par le biais de la Société Togolaise de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique a sollicité et obtenu courant 2e semestre 2022, l’appui de la Fondation AO Alliance (AO Alliance Foundation /AOA).
Cette fondation Suisse regroupe des spécialistes en orthopédie-traumatologie et travaille dans les pays à faible revenu ayant un nombre élevé de traumatisés répertoriés et des ressources de soins de santé insuffisantes pour traiter ces patients.
Sous la tutelle du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique du Togo, en collaboration avec l’Association pour l’Ostéosynthèse au Togo (AO Togo) et la Société Togolaise de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (SOTOCOT), I’AO Alliance a organisé les 14 et 15 février 2023, un atelier d’évaluation des besoins pour la normalisation des soins en Traumatologie et Orthopédie au Togo.
Cet atelier vise à élaborer une initiative de pays pour la normalisation des soins en Traumatologie et Orthopédie au Togo, par identification des axes prioritaires qui feront l’objet de recherche de financement par la fondation AO Alliance et autres intervenants.
De façon spécifique, il a été question de faire l’état des lieux de la prise en charge des patients présentant des lésions traumatiques au Togo ; d’identifier les problèmes liés à cette prise en charge ; de proposer les solutions concrètes (formation, équipement, recherche) ; de rédiger un plan stratégique triennal (2024-2026) pour la normalisation des soins en Orthopédie-Traumatologie au Togo.
Selon Dr Anani Abalo, Chirurgien et Chef service traumato au CHU SO, Point focal AO Alliance, plusieurs axes et thématiques ont été débattus pour sortir le meilleur des discussions. « Aujourd’hui on a rassemblé à peu près tous les acteurs depuis le directeur des hôpitaux jusqu’au chirurgien. Nous avons parlé de plusieurs grands axes. Nous voulons faire en sorte que les traitements de ces de traumatologie soient au même niveau sur tout l’étendue du territoire. Si un patient est atteint d’un cas sévère au Nord du pays, il n’a pas besoin de venir jusqu’à Lomé pour des soins. On doit pouvoir le lui administrer dans sa région et c’est ça le deal », a fait comprendre Dr Anani Abalo.
« La formation continue des acteurs constitue un autre axe. La documentation et la communication se lient également à d’autres axes qui ont leur place dans la procédure », a-t-il ajouté.
Entre autres thématiques développées, on parle de la carte sanitaire et organisation des soins en Orthopédie-Traumatologie au Togo ; le péril traumatique au Togo ; les sorties contre avis médical, complications PEC par les tradipraticiens, le bilan des évacuations sanitaires : cas d’Orthopédie –Traumatologie.
