La violence basée sur le genre (VBG), parfois aussi appelée violence sexiste, se réfère à l’ensemble des actes nuisibles, dirigés contre un individu ou un groupe d’individus en raison de leur identité de genre. Elle prend racine dans l’inégalité entre les sexes, l’abus de pouvoir et les normes néfastes.
Les femmes en sont victimes dans la plupart des cas. Ces violences entrainent des souffrances ou des troubles physiques, sexuels ou mentaux. La violence à l’égard des femmes et des filles englobe, sans s’y limiter, la violence physique, sexuelle et psychologique intrafamiliale ou au sein de la communauté en général, et qui est perpétrée ou tolérée par certains États.
Au Togo, les efforts sont faits afin de protéger les femmes contre ces VBG. Le Bureau de Lomé de la Conférence des Eglises de Toute l’Afrique organise du 12 au 14 décembre à Lomé, une conférence pour engager les responsables religieux et traditionnels dans cette lutte. La CETA a donc mobilisé les responsables religieux et communautaires du Togo pour un plaidoyer pour la prévention et le renforcement de la résilience des communautés pour contrer la violence basée sur le genre dans le contexte de covid-19 et au-delà.
En effet, l’apparition du nouveau corona virus en 2019 (Covid 19) qui était mortel, hautement contagieux a consterné les modes de vie des personnes et des communautés. Et, comme tous les autres pays d’Afrique, le Togo a également adopté les mesures restrictives fixées par l’OMS pour arrêter la propagation du virus. Il s’agit notamment du confinement. Le monde s’est rendu compte que la VBG était en augmentation depuis le début du confinement. Il était difficile pour les couples de rester ensemble pendant des mois et, par conséquent, la violence domestique a éclaté. Dans certains cas, comme au Togo, le gouvernement et les parents ont remarqué l’augmentation des grossesses chez les adolescentes depuis la fermeture des écoles. Le viol était en augmentation dans les villages reculés sans punition pour l’auteur qui pouvait vaquer à ses occupations. Et, jusqu’à présent, le gouvernement lutte toujours contre les grossesses d’adolescentes et de jeunes filles en milieu scolaire.
C’est conscient de ce fait que la Conférence des Églises de toute l’Afrique (CETA) veut engager les chefs religieux à amplifier leurs voix et à se joindre au reste du monde pour réaffirmer leur engagement à prêter leur voix en tant que chefs religieux pour soutenir le plaidoyer et promouvoir des actions qui protègent femmes et filles.
Le choix des responsables religieux est très stratégique afin de parvenir aux objectifs visés. En effet, la religion dans le monde d’aujourd’hui est devenue très importante pour les gens dans la mesure où ils préfèrent écouter leurs chefs religieux et obéir à leurs instructions plutôt que d’écouter les politiciens et les dirigeants nationaux. « Cela implique qu’en plus de son rôle prophétique, la religion doit mettre l’accent sur son rôle de plaidoyer et s’impliquer vigoureusement dans la sensibilisation d’une nation », explique Révérende Angèle DOGBE, Coordinatrice de la CETA, Bureau Régional de Lomé.
« L’expérience montre que le conservatisme à l’égard des pratiques hostiles aux femmes et aux filles, qui, dans un État de droit, est qualifié de violence sexiste, est principalement constaté ou pratiqué par les communautés religieuses. Ainsi, au nom de la culture/tradition/dogme, certaines attitudes et comportements dégradants envers/vers les femmes sont intouchables et devraient rester et se pratiquer comme ils étaient, sont et seront toujours. En conséquence, les femmes et les filles sont obligées de vivre avec leur agresseur au nom de la religion. Alors que certains préfèrent souffrir en silence à cause de la stigmatisation culturelle et sociétale. Au moment du Covid 19, les femmes ayant des partenaires ou des personnes violentes se retrouvent de plus en plus isolées des personnes et des ressources qui peuvent les aider », ajoute-t-elle.
Une enquête rapide du ministère des affaires sociales a révélé qu’en raison du manque de ressources, le mariage forcé a fait un retour dans les communautés où des adolescentes étaient mariées à des hommes presque deux à trois fois leur âge. L’ivresse excessive a également fait son retour avec la violence domestique. Mais les victimes ne disent mot, car les violences conjugales faites aux femmes sont rarement dénoncées à cause des préjugés et de la contrainte liée aux us et coutumes. Aussi, la dépendance économique et financière des femmes est l’un des facteurs déclenchant des violences conjugales.
« Les populations à la base ne sont pas informées des mesures d’accompagnement, de protection et de justice existantes dans le pays. Il est donc indispensable que les acteurs religieux, les ONG, les OSC, les mobilisateurs communautaires, les chefs traditionnels ainsi que les gouvernements raisonnent ensemble afin de réfléchir et de définir de nouvelles stratégies efficaces et durables sur la manière de prévenir et de traiter les VBG », martèle Révérende Angèle DOGBE.
Cet atelier sur les VBG, a pour objectifs d’engager les acteurs religieux, les organisations confessionnelles, les OSC, les chefs traditionnels et les dirigeants communautaires à traiter et à répondre aux rapports croissants sur la montée de la violence basée sur le genre dans le pays, exacerbée par la pandémie de COVID-19 ; de soutenir les initiatives de plaidoyer des églises, des organisations confessionnelles, des chefferies et communautés traditionnelles et des OSC pour plaider en faveur de l’application des lois et des politiques visant à mettre fin à la violence basée sur le genre.
De façon spécifique, cet atelier qui est meublé par des communications, permettra de raviver et accroître l’engagement des chefs religieux et communautaires pour lutter contre la VBG ; donner aux chefs religieux et communautaires les moyens de répondre à l’augmentation croissante de la violence basée sur le genre dans le pays ; contester positivement l’impact de la culture et de la tradition sur la lutte contre les VBG dans le pays ; mettre en réseaux les chefs religieux et communautaires avec d’autres parties prenantes de toutes les parties de la communauté ; aux chefs religieux et communautaires de travailler en synergie et en étroite collaboration avec le gouvernement pour l’application efficace des lois et des politiques.
Au sortir de cet atelier, la trentaine des participants outillés, devra former une plate-forme pour des actions conjointes en réponse à la VBG en ce qui concerne le COVID 19 et ses effets. Aussi, les chefs religieux et communautaire connaissant les problèmes liés à la VBG et au COVID 19 devront-ils jouer le rôle de catalyseurs clés pour un changement social positif dans leurs communautés. Ils devront également développer des moyens pour briser l’influence de la culture et de la tradition ainsi que de s’attaquer ouvertement à la VBG dans leurs communautés ou dans leurs congrégations.
A leur tour, les chefs religieux s’engageront à engager le parlement pour la domestication et l’application d’instruments juridiques et de politiques qui soutiennent la lutte contre la VBG. Une déclaration ou un communiqué final devra être amandé, appelant le gouvernement à renforcer la lutte contre la VBG et à soutenir les victimes de VBG.