Secteur maritime au Togo : à la découverte de KEKE Adjoto Simone Fafa, première femme Capitaine au Long Cours

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Elle est une preuve que la navigation maritime n’est pas réservée seulement aux hommes. Elle est un modèle d’excellence pour d’autres jeunes filles du secteur maritime. Elle, c’est KEKE Adjoto Simone Fafa. Agée de la vingtaine, Simone KEKE est l’une des femmes qui conquièrent leur place dans le monde du travail, contre vents et marées sur mer comme sur terre.

« Quand j’arrive dans un environnement de travail, je dois donner le meilleur de moi-même. Et en tant que femme, donner un bon exemple, permettrait d’ouvrir la porte à d’autres », laissait-elle entendre en juin dernier lors de la célébration de la journée internationale des gens de mer.

Sans langue de bois, elle se confie à notre rédaction dans un entretien exclusif. Elle revient sur son parcours, ses motivations, son point de vue sur le secteur Maritime au Togo sans oublier ses projets d’avenir.

Togo Daily News (TDN) : Bonjour Madame KEKE Adjoto Simone Fafa. Nous voulons mieux vous connaître.

KEKE Adjoto Simone Fafa : Je suis le Capitaine au Long Cours KEKE Adjoto Simone Fafa, diplômée en sciences nautiques filière de capitaine au long cours. Je suis de nationalité togolaise.

TDN : Vous êtes aujourd’hui capitaine au long cours. Vous êtes d’ailleurs la première femme togolaise à accéder à ce grade. Parlez-nous de ce parcours très enrichissant. Quelles ont été vos motivations ? Vos défis et succès ?

KEKE Simone : Après l’obtention de mon baccalauréat série D au Togo, avec la mention « assez bien » en 2012, j’ai d’abord effectué (2) années à l’université de Lomé (U.L) en Agroéconomie à l’Ecole Supérieure d’Agronomie (ESA) avant d’obtenir une bourse d’étude pour l’Académie Régionale des Sciences et Techniques de la Mer (ARSTM), à Abidjan en Côte D’Ivoire. Trois ans (03) plus tard, je sors diplômée Lieutenant au Long Cours de l’ARSTM Abidjan.

De là, j’ai effectué la phase pratique de la formation en naviguant durant 12 mois (7 mois à bord d’un navire à passagers et 5 à bord de remorqueurs de la société privée BOLUDA Lomé au sein du Port Autonome de Lomé PAL). Cette expérience m’a permis d’obtenir le Brevet d’Officier Chef de Quart Passerelle me donnant le droit de retourner en cours théorique à l’institut Supérieure des Etudes Maritimes (ISEM), Casablanca au MAROC d’où je suis sortie diplômée Capitaine au long cours. Je suis actuellement en Stage dans la section maritime du service des transports, à la SNPT Société Nouvelle des Phosphates du Togo au port de Kpeme.

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Aussi, je suis membre de Women In Maritime In Africa WIMA Togo, femmes du domaine avec lesquelles j’ai eu à participer à des activités comme le Sommet Extraordinaire de l’Union Africaine sur la Sécurité et la Sureté Maritime et le Développement en Afrique le 15 octobre 2016 à Lomé en tant qu’une des représentantes de Wima Togo, à la réunion annuelle du Haut Conseil pour la Mer (HCM) 2017 placée sous le thème « vers une économe bleue, une promesse de développement durable au Togo » en tant que personne ressource et à la célébration de la journée mondiale des océans 2019 au Togo sous le thème « genre et Océan » en tant que première femme marin Togolaise pour un partage d’expérience lors de la table ronde.

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En ce qui concerne mes motivations, je dirais ma passion pour ce domaine et mon amour pôur le travail bien fait.

Les défis, il y en a plusieurs, parmi lesquels

  • Le manque de moyens ; les études maritimes sont coûteuses et je remercie donc à l’occasion le gouvernement togolais qui m’a soutenue et me soutient encore à travers une bourse d’études.
  • Le dernier est de donner le meilleur de moi-même où que j’aille. D’ailleurs, étant diplômée Lieutenant au Long Cours à l’ARSTM Abidjan, j’ai obtenu un prix d’excellence de la Première Dame Madame Dominique Ouattara).

Néanmoins, mon plus grand succès à ce jour est qu’à travers moi, d’autres ont pu être impactés et aujourd’hui plusieurs togolaises ont emboité mes pas, même si ce n’est pas tâche aisée d’être pionnière, c’est une joie d’être un exemple à suivre.

TDN : Le domaine maritime, une passion ou une coïncidence ?

KEKE Simone : Hahaha, pourquoi pas un destin. Je dirai une coïncidence transformée en passion. Jeune fille, étudiante à l’époque à la recherche de nouveaux défis de voyage surtout celui de quitter le cocon familial, j’ai entendu parler des études maritimes par le biais d’un ami ; j’ai tout de suite visité le site de l’école sur Facebook, observé la beauté des différents uniformes, mais ce qui m’a le plus accroché a été le système d’internat qui me permettait enfin de quitter le cocon familial et la certitude que ce soit un domaine prometteur vu le grand port de mon pays le Togo.

C’est ainsi que j’ai atterri à l’ARSTM sans aucune grande connaissance du domaine que je choisissais. Ce n’est qu’une fois sur place que j’appris tout de la marine et ce fut toute de suite une histoire d’amour qui s’est transformée en une grande passion. Passion qui m’a d’ailleurs donné la patience et la force nécessaire de tenir face à toutes les difficultés rencontrées comme il est de coutume dans tout domaine professionnel.

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TDN : Que pensez – vous du secteur Maritime au Togo ? Que doit-on améliorer afin de faire du Togo le hub logistique comme l’ambitionne le Plan National de Développement ?

KEKE Simone : Le secteur Maritime au Togo est en pleine expansion : construction du 3e quai, du quai LCT de MSC, de la Plateforme Industrielle d’Adétikopé, mise en place d’un guichet unique, établissement d’une fourchette d’accostage au PAL, création d’un nouveau portefeuille ministériel pour L’économie bleue, de la pêche et de la protection côtière, etc.

À mon humble avis, ce qu’il y a à améliorer serait la construction d’infrastructures, de voies ferrées et routières, l’amélioration de l’image maritime du Togo sur le plan international, la sécurisation de nos côtes contre le phénomène de piraterie qui sévit dans le golfe de Guinée (pour cette cause, le Togo a eu à organiser le Sommet Extraordinaire de l’Union Africaine sur la Sécurité et la Sûreté Maritime et le Développement en Afrique le 15 octobre 2016 en attente de la ratification de la loi par les autres pays participants), la formation des cadres du domaine.

TDN : Est-ce qu’il existe dans le secteur maritime et portuaire des métiers que vous souhaiteriez que les femmes exercent davantage ?

KEKE Simone : Je ne peux citer aucun métier en particulier de ce domaine, car pour ma part, je dirai tous simplement que  toute femme qui souhaiterait exercer dans le secteur maritime et portuaire, cherche elle même et trouve son métier de prédilection et qu’elle avance dedans car, la réussite de la femme, ce n’est pas de faire forcément un métier où il ya une forte dominance masculine, mais c’est d’être excellente dans le métier qu’elle choisit d’exercer même si dans ce métier qu’elle choisit les femmes sont minoritairement représentées.

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TDN : Vos conseils aux femmes qui souhaitent réussir leurs carrières dans les domaines liés à la navigation maritime ?

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KEKE Simone : Humblement, me concernant, je dirai que j’ai pas encore réussi. Néanmoins, selon ma petite expérience, je dirai en premier lieu qu’il faudra aux femmes qui souhaitent faire carrière dans les domaines liés à la navigation, d’aller à la recherche de l’information. Aller à la source est ce qui m’a aidée au mieux à m’orienter. Ensuite la patience, la recherche de l’expérience et de nouveaux challenges, l’amour du travail et surtout du travail bien fait.

TDN : Vos visions et projets professionnels à venir ?

KEKE Simone : Mes visions, naviguer pour acquérir plus d’expérience si j’en ai l’opportunité pour plus tard servir valablement si j’en ai l’occasion mon pays.

TDN : Votre mot de fin

KEKE Simone : Je vous remercie pour cette occasion que Togo Daily News m’a accordée. Merci à tous ceux qui m’ont soutenue.

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