Lomé, la capitale togolaise renoue peu à peu avec l’insécurité, devenue récurrente depuis plusieurs années. Ce jeudi 30 septembre 2021, un braquage a couté la vie à la victime et plusieurs millions emportés par les malfrats.
Ce nouveau braquage intervient presque deux (2) mois après celui du siège de la société de transport interurbain Olé-Togo sis à Bè Kpéhénou. L’attaque avait été déjouée et l’un des trois malfrats était interpellé grâce à la réaction spontanée des conducteurs de taxi-moto.
Les faits du drame tel que racontés par le ministère de la sécurité
Il sonnait presque midi dans la matinée de jeudi. Les braqueurs (deux hommes selon les témoins) bien armés, sont arrivés inaperçus sur les lieux du crime à l’aide de leurs engins à deux roues.
Les cibles de ces malfrats, sont donc deux employés d’une société de transfert de numéraire. Ils venaient d’opérer un retrait d’argent dans une banque de la place et ils se rendaient, à dos de leur moto, à la CNSS où ils devraient suivre un dossier les concernant, indique-t-on.
« Contrairement à ce qui est divulgué dans les médias, la victime n’est pas commerçant. Il est caissier et il travaille dans une agence d’opérations de transfert d’argent », nous a confié un de ses proches qui a été joint au téléphone.
Sur leur chemin de retour pour le service, la victime, remorquée par l’un de ses collègues à dos d’une moto, ne pouvait pas s’imaginer une seule seconde qu’il vivait ses dernières minutes.
« À peine arrivés à l’entrée de la CNSS et alors qu’ils étaient en train de garer leur moto, ils ont été approchés par deux individus s’exprimant en anglais qui les ont intimidés avec une arme, leur intimant l’ordre de remettre le sac contenant une somme de quinze millions huit cent quatre-vingt-sept mille cinq cents (15.887. 500) francs CFA », indique Yark Damehame, ministre de la sécurité.
Face à la résistance du porteur du sac, l’un des malfrats lui tire à bout portant à la poitrine avant de s’emparer dudit sac et de prendre la fuite avec l’aide du second binôme qui tirait des coups de feu en l’air pour repousser toute tentative d’intervention.
Mortellement atteint par les balles, la victime a été transportée par des ‘bon samaritains’ au CHU Campus où il décède quelques heures après. Ses parents n’auront rien d’autres à faire que de constater le décès clinique de leur enfant qu’ils ont emmené à la morgue.
Togo / Braquage devant la CNSS ce jeudi : la victime décédée ; les malfrats activement recherchés
Les malfrats s’échappent ; le conducteur de la moto de la victime retrouvé sans la moindre blessure…complot ou sabotage ?
Alors que la victime a été mortellement touchée par les balles des malfrats, le conducteur de la moto ayant remorqué la victime a été retrouvé sans la moindre blessure.
Aurait-il tout simplement réussi à s’échapper de ce braquage ? Serait-ce un complot aux allures d’un film d’action ou tout simplement un sabotage ? Aucune piste ne sera laissée inexplorée. Pour l’heure, aucune arrestation ou garde à vue n’a été annoncée mais l’on se demande d’où pouvait venir la fuite de l’information du transport d’une telle somme.
« Alertée des faits, la Police Nationale s’est immédiatement transportée sur les lieux aux fins de constatations. Une enquête est ouverte en vue de l’identification et de l’interpellation des auteurs de ce braquage », a rassuré le ministre.
La victime, un jeune de la trentaine et un passionné du chant-choral
La victime n’est personne d’autre que le nommé Elom Tchinou. Agé de 32 ans, il est caissier dans une société de la place. Chrétien Protestant, il est fidèle de l’Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo (EEPT). Passionné par chant-choral, il est membre de la Chorale dénommée ‘Les Séraphins’ de l’EEPT Wuiti, chorale dont il a la charge de la présidence.
Elom est le fils ainé de ses parents. Il est marié et père de famille. Il laisse derrière lui ses parents, une veuve et un enfant de 2 ans sans oublier sa chorale qui accueille cette triste nouvelle comme un coup de massue.
Un braquage dans l’un des quartiers les plus sécurisés de la capitale
Le drame s’est produit à la devanture du siège social de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), une institution étatique nichée dans l’un des quartiers les plus animés, hautement sécurisés et sous surveillance au cœur de la Commune du Golfe 3.
La sécurité de ce quartier révèle du fait que la Présidence de la République, les ministères étatiques, l’Assemblée Nationale, la Cité OUA, et bien d’autres y sont logés.
En effet, le siège social de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale se trouve à Lomé en face du campus nord (Université de Lomé), non loin du groupe d’assurance GTA-C2A, entre la direction générale de la documentation nationale (DGDN) ou encore service des passeports, la société d’administration de la zone franche (SAZOF) et le boulevard Eyadéma qui abrite de grandes sociétés et institutions telle la Présidence de l’Université de Lomé, l’Office Togolais des Recettes (OTR), l’Ambassade des Etats-Unis au Togo, Togocom, ARCEP, etc.
Qui pour sauver les Togolais de l’insécurité ?
En plus de la faim, le manque d’emploi, le coronavirus, et d’autres maux qui minent les Togolais, les populations sont confrontées au jour le jour à l’insécurité grandissante. Même si le Togo est toujours bien apprécié dans la sous-région en matière de sécurité et que les efforts sont menés par les gouvernants afin d’éradiquer le fléau, il reste beaucoup à faire afin de protéger les paisibles citoyens.
Il est connu de tous que le port d’arme n’est pas autorisé au Togo. L’on se demande donc où les malfrats trouvent-ils des armes pour commettre leurs sales besognes.
Des opérations de contrôle de zones sont menées de temps à autres par les éléments de la police nationale avec à la clé des saisines d’armes réelles et des armes blanches qui servent souvent aux forfaits.
Selon le Général Yark, le braquage est un fait de société dont les auteurs seraient ceux qui viennent de purger fraîchement leur peine à la prison.
Néanmoins pour éviter certains braquages, le ministre demandait à ceux qui reçoivent de grosses sommes d’argent à la banque de se faire accompagner par les forces de l’ordre et de sécurité.
« Nous avons déjà rencontré les banques et nous leur avons demandé de collaborer. Elles doivent appeler nos services pour accompagner les clients qui viennent recevoir de grosses sommes d’argent », indiquait le ministre de la sécurité lors d’un point de presse.
Il demandait également une franche collaboration de la population avec les hommes en treillis pour démanteler les réseaux des braqueurs.