Chaque premier samedi de septembre, la ville de Notsè redevient le cœur battant du peuple Éwé. Cette année encore, Agbogboza, la fête traditionnelle emblématique, a rassemblé des milliers de personnes venues du Togo, du Ghana, du Bénin et de la diaspora. Mais au-delà du folklore et des danses colorées, c’est une identité culturelle que les Éwé affirment, voire revendiquent.
Agbogboza rappelle un épisode fondateur : la fuite du peuple Éwé du royaume de Notsè, autrefois gouverné par le roi Agokoli, réputé pour sa cruauté. À travers des récits, des danses, des tenues ancestrales et des symboles comme le mur de Notsè, les festivités perpétuent la mémoire d’un peuple en quête de liberté.
Mais aujourd’hui, la portée d’Agbogboza dépasse la simple commémoration historique. Dans un monde où les traditions s’effacent vite, cette fête devient un espace de réappropriation culturelle, en particulier pour les jeunes. C’est l’occasion pour eux de retrouver leurs racines, de porter fièrement le pagne Kente, d’écouter les anciens, de parler leur langue, bref : de réconcilier modernité et héritage.
Agbogboza est aussi devenu un lieu d’expression politique et sociale. Certaines voix y appellent à l’unité des Éwé au-delà des frontières, d’autres y voient un rappel au gouvernement de préserver le patrimoine culturel. La fête est donc aussi porteuse de messages contemporains, parfois subtils, parfois très directs.
Alors, Agbogboza : simple souvenir d’un passé glorieux ou outil d’affirmation identitaire dans un monde globalisé ? Peut-être les deux. Ce qui est certain, c’est que la tradition vit encore, parce qu’elle sait parler au présent.


