« Le médecin ne doit cautionner une atteinte à l’intégrité physique, mentale ou à la dignité d’un détenu » : l’ONMT repose le débat de la déontologie médicale au Togo

0
171
Professeur BEKETI K. Anthony, Président du Conseil de l’Ordre

L’Ordre national des Médecins du Togo, dans un communiqué officiel rendu public sous la référence N°004/CONMT/2025, a remercié les différents acteurs ayant contribué à la libération du Dr HOUNOU-ADOSSI Ayitévi Firmin Elom et de ses co-détenus arrêtés lors des manifestations du 6 juin dernier au Togo.

L’ordre a également saisi l’occasion pour dénoncer les conditions de détention du médecin et réaffirme les principes fondamentaux de l’éthique médicale.

Dignité humaine et torture : un rappel à la loi déontologique

L’ONMT se réfère explicitement à l’article 16 du Code harmonisé de déontologie médicale de la CEDEAO, qui « condamne tout acte de torture, qu’il soit physique ou mental. »

Il rappelle que la dignité de la personne humaine doit être respectée, même en cas de privation de liberté.

« La torture est le fait d’infliger délibérément et systématiquement des dommages physiques et/ou mentaux ou les deux à la fois, en occasionnant un préjudice par une ou plusieurs personnes agissant seule ou avec d’autres ou sur les ordres de toute autorité pour forcer ou intimider les victimes afin d’obtenir des informations, faire une confession ou autre. Ce qui est un outrage à la raison et à la dignité de la personne », peut-on lire dans le communiqué officiel qui fait référence au code harmonisé de déontologie et d’exercice des médecins de l’espace CEDEAO en son article 16.

Un diagnostic médical assez controversé par la population

Récemment, un diagnostic médical assez controversé sur l’état de santé de l’artiste Aamron suite à son arrestation a fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Dans une vidéo dans laquelle l’artiste s’est lui-même exprimé le crâne et la barbe rasés, il ressort qu’il a été diagnostiqué d’une démence. Cependant, la famille du détenu affirme que leur fils ne souffre d’aucune maladie et qu’il serait bien portant.

Cette situation inquiétante sur la nature du praticien ayant réalisé ce diagnostic, questionne la traçabilité des actes médicaux dans les lieux de détention et la neutralité des professionnels de santé sollicités par les autorités compétentes.

Ce que dit la déontologie médicale

Selon la note de l’ONMT, les références aux textes fondamentaux existent en la matière.

Le serment d’Hippocrate, dont les praticiens font déclaration lors de leur soutenance de thèse de doctorat en Médecine, interdit toute discrimination ou instrumentalisation du patient. « Je ne permettrai pas que des considérations d’ordre religieux, national, racial, politique ou social, aillent à l’encontre de mon devoir vis-à-vis du malades », stipule le Serment.

Quant au Code international d’éthique médicale de l’Association Médicale Mondiale, il indique que « le médecin devra agir uniquement dans l’intérêt de son patient, lorsqu’il lui procure des soins qui peuvent avoir pour conséquence un affaiblissement de sa condition physique ou mentale. »

La Déclaration de Lisbonne sur les droits du patient stipule dans son dixième paragraphe « la dignité et le droit à la vie privée du patient en matière de soins comme d’enseignement seront à tout moment respectés. »

Le code harmonisé de déontologie et d’exercice des médecins de l’espace CEDEAO en son article 15 interdit aux médecins de participer à des actes dommageables sur les personnes privées de liberté.

« Lorsqu’un praticien examine ou traite une personne privée de liberté, il ne peut directement ou indirectement, ne serait-ce que par sa seule présence, favoriser ou cautionner une atteinte à l’intégrité physique, mentale ou à la dignité de cette personne. Notamment, lorsqu’il s’agit des cas de torture aussi bien dans les conflits armés que dans les troubles civils. »

Médecins et citoyens appelés à la responsabilité

« En définitif, chers consoeurs/confrères il faut garder à l’esprit le principe fondamental en éthique médicale et en bioéthique : ‘Primum non nocere’ ou encore ‘Premièrement, ne pas nuire’ qui rappelle aux professionnels de la santé de privilégier la prévention des dommages et de limiter les interventions qui pourraient être plus préjudicielles que bénéfiques », lance l’ONMT dans son communiqué signé par son Président Pr BEKETI Anthony.

L’ONMT invite aussi la population à saisir l’institution via ses canaux officiels en cas de manquement éthique constaté. Ceci vise à renforcer la confiance entre les soignants et les patients, dans un contexte où les droits des uns et les devoirs des autres doivent être clairs.

Vous êtes témoin d’un manquement éthique ? Contactez l’ONMT via son site web www.onmt.tg ou par mail à ordremedtogo@gmail.com.

Laissez un commentaire

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît, tapez votre nom