Un putsch avorté a-t-il eu lieu au Bénin fin juin ? Des rumeurs persistantes circulent depuis le début de la semaine, mais les autorités restent vagues. « Certains de nos compatriotes ont effectivement été déférés devant la juridiction compétente, celle chargée des actes de terrorisme », a confirmé Alain Orounla, le porte-parole du gouvernement, à l’issue du conseil des ministres, mercredi 1er juillet au soir, précisant toutefois que l’affaire est « en phase d’instruction et rien ne confirme que ces différents individus s’apprêtaient à perpétrer quoi que ce soit ».
Selon une source au sein de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme au Bénin (Criet), une cour de justice spéciale mise en place sous la présidence de Patrice Talon, ce sont neuf personnes, militaires et civils, qui ont été placées sous mandat de dépôt. Parmi elles figure le chauffeur du colonel Montan Kérékou, fils de l’ancien président Mathieu Kérékou. Les militaires mis en cause ne seraient pas de hauts gradés. « Ils ont été mis sur écoute et ils étaient filés à leur insu. Le projet était avancé et ils envisageaient d’aller au Nigeria acheter des armes », assure l’instruction.
Les rumeurs faisaient également état de l’implication d’« étrangers mêlés au projet de coup d’Etat », mais la Criet a démenti cette information, assurant que deux Pakistanais avaient bel et bien été arrêtés dans le nord du Bénin pour suspicion de terrorisme « dans cette zone sensible très islamisée » mais que les deux affaires n’étaient pas liées.
Une source au sein de l’armée a de son côté confirmé à l’AFP que « plusieurs militaires sont en détention pour des faits divers et variés ». « Il serait difficile de lier ces faits, dont la plupart sont en instruction, à une tentative de coup d’Etat », a néanmoins temporisé un haut gradé à l’état-major, sous couvert d’anonymat.
C’est la deuxième fois sous la présidence Talon qu’est évoquée une tentative de coup d’Etat. En août 2019, une affaire similaire avait déjà fait grand bruit au lendemain de la célébration de la fête de l’indépendance et des militaires avaient été arrêtés sans qu’il y ait de suite dans ce dossier. Le président Patrice Talon est accusé par ses détracteurs d’avoir engagé le Bénin, pays réputé comme un exemple démocratique en Afrique de l’Ouest, dans un tournant autoritaire.